
Le Fonds au profit des victimes de la CPI a conclu son programme par des mesures symboliques et a rendu hommage, en partenariat avec le Gouvernement de la Côte d’Ivoire, à la mémoire des victimes de la crise post-électorale de 2010-2011
Les 29 et 30 mai 2025, le Fonds au profit des victimes (FPV) de la Cour pénale internationale (CPI), en collaboration avec le Gouvernement de la Côte d’Ivoire, organise des cérémonies commémoratives et inaugure deux mémoriaux à Duékoué et Blolequin, en hommage aux victimes de la crise post-électorale de 2010–2011 et en appui au processus national de mémoire et de réconciliation.
« Ces monuments symbolisent le long chemin parcouru par les communautés de Duékoué depuis 2011. Ils allègent le poids des horreurs que nous avons endurées et dont nous avons été témoins. Aujourd’hui, ce que nous avons vécu n’est plus caché. C’est désormais connu et reconnu dans toute la Côte d’Ivoire. Nous ne sommes plus seuls à porter la mémoire de 2011. Je me sens plus légèrr », a déclaré une survivante des incidents graves survenus à Duékoué en 2011, bénéficiaire du programme d’assistance du FPV.
Ces deux mémoriaux s’inscrivent dans la continuité de l’initiative lancée le 11 avril à Abidjan avec l’inauguration de mémoriaux à Abobo et Yopougon — en présence du gouvernement et de la Présidente du Sénat — et font partie d’un effort plus large visant à assurer la reconnaissance et la réparation dans le cadre du programme d’assistance du FPV. D’autres mémoriaux et projets communautaires seront remis aux communautés de Péhé, Doké, Monoko-Zohi, Vavoua et Fiekon Borombo début juin.
Les monuments commémoratifs ont été érigés en tant que mesures de réparation symbolique dans le cadre du programme d’assistance du FPV, mis en œuvre depuis 2021 en partenariat avec AVSI, DRAO et WANEP. Ils ont été conçus à travers un processus collaboratif impliquant des artistes ivoiriens et des communautés autrefois opposées par le conflit, reflétant ainsi à la fois les voix et la guérison collective des personnes les plus touchées.
« La joie et le soulagement que nous voyons aujourd’hui sur les visages des victimes démontrent à quel point les mesures symboliques peuvent être porteuses de sens lorsqu’elles sont associées à des efforts de réparation individuelles et collectives tels que la réhabilitation physique, psychologique et économiques. Elles constituent de puissants outils de paix et de réconciliation. Elles affirment la dignité des victimes et les aident à repenser leur place au sein de leurs communautés et de la nation », a déclaré Franck Sohou, coordinateur de l’ONG DRAO.
Ces cérémonies marquent la clôture du programme d’assistance du FPV en Côte d’Ivoire, mené de février 2020 au 31 mai 2025. Ce programme a apporté une réponse aux préjudices résultants de 13 incidents emblématiques — parmi les plus graves depuis 2002. 700 victimes ont bénéficié d’une réhabilitation médicale, psychologique et matérielle, et plus de 10 000 personnes ont participé à des mesures collectives.
« La véritable mesure du succès de ce programme réside dans le processus participatif et digne par lequel les mémoriaux ont été créés — un processus qui a permis la reconnaissance effective des victimes et l’hommage à leur dignité », a déclaré M. Andres Parmas, président du Conseil d’administration du Fonds au profit des victimes.
« Le FPV exprime sa sincère gratitude aux autorités de la Côte d’Ivoire — en particulier au Ministère de la Cohésion nationale, de la Solidarité et de la Lutte contre la pauvreté — pour leur engagement tout au long de la mise en œuvre du programme. Nous remercions également chaleureusement nos partenaires de mise en œuvre — AVSI, DRAO et WANEP — dont le dévouement a permis de mener des activités communautaires centrées sur les besoins des victimes et valorisant leur parole et leurs choix.
Ce programme d’assistance constitue une étape importante, posant les bases d’un processus plus large qui doit se poursuivre. De nombreuses victimes d’autres incidents survenus pendant la même période attendent encore la reconnaissance de leurs souffrances et la restitution des dépouilles de leurs proches.
Tandis que le Bureau du Procureur de la CPI poursuit ses enquêtes sur la situation en Côte d’Ivoire, la quête de justice et de réparation doit également progresser au niveau national. Nous appelons les autorités ivoiriennes à poursuivre leurs efforts afin qu’aucune victime ne soit laissée pour compte. »
Conformément au principe de complémentarité, le FPV demeure engagé à soutenir la Côte d’Ivoire dans ce travail essentiel de mémoire et de réparation. Il appelle le gouvernement à poursuivre ses efforts en faveur de la cohésion nationale, notamment par la création d’un mémorial national — comme exprimé lors du Conseil national de sécurité du 22 février 2024 — et par la poursuite de la mise en œuvre de mesures réparatrices en faveur des victimes.
Pour plus d'informations sur le Fonds au profit des victimes, veuillez contacter trustfundforvictims@icc-cpi.int ou visiter www.trustfundforvictims.org. Vous pouvez également suivre les activités du FPV sur X, LinkedIn, Bluesky et Facebook.
Informations générales
La Côte d'Ivoire a accepté la compétence de la CPI en 2003, par le biais d'une déclaration au titre de l'article 12.3, et est partie au Statut de Rome de la CPI depuis 2013.
La CPI est compétente pour connaître de la situation en Côte d'Ivoire, en ce qui concerne les crimes commis entre le 19 septembre 2002 et le 28 novembre 2010, ainsi que les crimes qui pourraient être commis à l'avenir dans le cadre de cette situation. Depuis 2011, le Bureau du Procureur de la CPI mène des enquêtes sur les crimes contre l'humanité présumés commis pendant les violences post-électorales de 2010/2011 en Côte d'Ivoire, documentant des actes à grande échelle qui ont entraîné le déplacement d'environ 1 million de personnes. Les attaques comprenaient des actes généralisés et systématiques contre la population civile, l'utilisation d'une force excessive dans des zones fortement peuplées afin de disperser les manifestants, des arrestations arbitraires généralisées, des « disparitions » et des viols, ainsi que l'existence de plusieurs fosses communes. À ce jour, les enquêtes ont abouti à trois affaires qui ont été soit acquittées, soit annulées en 2021. L'enquête du bureau du procureur est toujours en cours.
Parallèlement aux enquêtes et aux procédures judiciaires, avant les développements judiciaires, et en réponse au préjudice subi par les victimes dans la situation, le Fonds au profit des victimes a initié un programme au bénéfice des individus et des communautés affectés par les incidents les plus emblématiques qui ont eu lieu entre 2002 et 2011. Le programme du FPV en Côte d'Ivoire est mis en œuvre au niveau d'Abidjan et les régions de l'ouest et est exécuté en partenariat avec le gouvernement de la Côte d'Ivoire et les organisations WANEP, AVSI, et DRAO. Depuis 2021, le programme a fourni une réhabilitation médicale, psychologique et socio-économique à plus de 700 victimes et a mené des mesures collectives bénéficiant à plus de 10,000 personnes. Le programme comprend également la construction de six monuments commémoratifs installés dans tout le pays, qui reflètent dans leur conception et leur symbolisme les voix et les besoins des victimes et de leurs communautés.
Ces cérémonies commémoratives s’inscrivent dans les dernières mesures prévues avant la clôture formelle du programme, prévue pour le 31 mai 2025.